Aux premiers jours de l'automne, le narrateur se replie dans une pension d'un bourg du Léman pour relire le manuscrit d'un voyage en Italie et, dans ses carnets et feuillets épars, découvre la trame d'un récit laissé en suspens. Au fil des jours, le livre retrouve son ordre naturel, l'idée originelle qu'il portait en lui. Les épisodes appellent des souvenirs, les souvenirs prennent la forme de conversations et toujours les rencontres imprévues écrivent le prologue et l'épilogue d'une histoire restée en suspens.
Ces pages sont le théâtre de vingt apparitions : dans les confessions de Fellini, l'auteur reconnaît son enfance nomade. Edward Gibbon répond en écho à l'esprit soviétique d'un financier des temps modernes et Eric Rohmer s'épanche sur la beauté, entre deux pots de confiture dans une cuisine genevoise. Le romancier russe Edichka Limonov s'échappe du roman de son hagiographe parisien et le comique Stéphane Hessel est canonisé avec les honneurs militaires. Enfin une fable de Sholem Aleykhem envoie Darwin au diable.
Et, comme au théâtre, les décors changent avec les scènes : on traverse le quartier de Golders Green à Londres, on respire l'air frais du Gornergrat à Zermatt, on converse sur révolution en compagnie du chat Tchorny à Paris et, dans une chambre d'hôtel du Zurichberg, on assiste au cri d'un paon en émoi que s'exerce à pousser à la fenêtre une écrivaine zurichoise…