En ces temps assourdissants, s'ouvrir au silence. A sa profondeur, ses variations, ses impasses, ses éclairs. A ses ombres, ses miroirs, son mystère. A ses graines. « Chaque atome de silence / est la chance d'un fruit mûr » (Valéry). S'il glace parfois, sentir aussi qu'il pénètre le corps, épure la pensée, amplifie le souffle, accueille l'intensité de l'instant, lave les mots de leur poussière. Ainsi traversée, écouter le soir, rassembler ce qui reste, ce qui éclaire encore, ébauche un chemin : éclats de vie, questions, les sucs et les cendres, les braises du temps que les mots attisent.
Alors s'avive aux yeux musiciens
le choeur matinal des collines
épaule contre épaule modulant
les courbes les bleus et les verts
les caresses de la lumière
Alors reste la main
la muette qui cherche
sur la portée des mots
la note juste de l'instant