La figure de la Sagesse divine apparaît dans le livre biblique des
Proverbes avec une consistance, voire une personnalité très
affirmée. Elle ne cessera de dérouter les commentateurs, qui la
tireront du côté du Christ dans la tradition chrétienne et de la
Tôrah dans la tradition juive - c'est-à-dire vers des entités bien
identifiées. Mais cela n'empêchera pas la Sophie de resurgir dans
des courants dissidents ou marginaux, de la gnose à la kabbale, de
la sophiologie à la théosophie. En outre, cette figure décidément
inclassable connaît des équivalents dans d'autres traditions
religieuses. N'aurait-elle pas son mot à dire dans les débats
théologiques d'aujourd'hui : sur la question du féminin divin, dans
la théologie de la création ou dans le dialogue interreligieux ?