Sous la robe des saisons
On écrit sans songer à personne. On écrit en ignorant pour qui. Ce « pour » est pourtant bien présent : à l'instant où les mots s'abandonnent sous la main, dans la bouche, le souffle de la langue frémit dans l'air à la recherche d'une oreille attentive, d'un visage, d'une joue à caresser, d'une solitude à partager.
Paradoxe que Jean Grenier a relevé dans son Nouveau lexique : « On n'écrit pas librement tant qu'on pense à ceux qui vous liront, on n'écrit pas bien tant qu'on ne pense pas à eux. »