C'était le début de l'automne avec son soleil rasant et de
moins en moins chaud. La terrasse du Café de la Mairie avait
été désertée en cette fin d'après-midi et le café s'était rempli
au premier étage, cette pièce généralement vide où, toi et
moi, nous allons toujours, cette pièce où nous nous sommes
d'abord rencontrés et où quelquefois je t'attendais. Je t'attendais et le temps se mettait alors à exister vraiment. Le temps
n'existe vraiment pour moi que lorsque tu n'es pas là. Quand
tu n'es pas là, le temps devient infime et se répète sans cesse,
il est le même à chaque instant. Quand tu n'es pas là, le temps
n'existe pas.