- Faisons un enfant, ma toute.
- Jamais. Un squatter dans mon ventre. Je ne te suffis pas ?
- Si, tu le sais bien, mais ce serait un prolongement de toi.
- Pas besoin d'être prolongée. Suis pas une ligne de métro.
- Une petite Stella.
- Ne peut y en avoir qu'une et elle n'est pas petite.
- Après nous...
- Après nous, rien. Suis pas une ingrate. Quand on a un corps chouette, il faut y faire gaffe. Veux pas être abîmée par un petit salaud.
- Tu ne le serais pas. Il y a...
- Veux pas m'occuper d'un gosse.
- On le mettrait en nourrice.
- Pas question, mon chéri. Toi et moi, moi et toi, personne d'autre. Quand le bon Dieu a fait un enfant à Marie, tu as vu comme ça a mal tourné.
D'une beauté excessive, chevelure de naïade, oeil de feu, nez grec, Stella Corfou est une femme libre, qui le clame haut et fort. Quand Antoine Leroy la rencontre aux Puces Matabois où elle travaille, il sait qu'elle deviendra sa femme ou qu'il en mourra. Il lui demande sa main, elle accepte. C'est l'amour fou, la vie folle, aussi belle que tragique, jusqu'à la déraison.
Avec ce roman caracolant et picaresque, paru pour la première fois en 1988, Béatrix Beck, au sommet de son art, atteint une perfection du style dont l'exubérance est sans cesse contre-balancée par les ruptures temporelles et syntaxiques.
Florence Reymond se nourrit de cette chronique endiablée et la transcrit à sa manière, mêlant à loisir les figures, les rôles, les objets ou leurs desseins. Elle extrait de ce bouillonnement une série d'images impétueuse et fantasque.