Depuis plusieurs décennies, l'immigration constitue un thème politique brûlant et passionnel dans la plupart des pays d'immigration. En Suisse, l'immigration est devenue un objet de discussion publique et politique beaucoup plus tôt que dans les autres pays européens en raison du système politique de la démocratie référendaire.
Depuis les années 1960, une quinzaine de votations populaires ont eu trait à l'un ou l'autre aspect de l'immigration. Nous considérons ces votations populaires répétées comme des révélateurs privilégiés du débat public sur l'immigration et de ses transformations profondes, souvent invisibles à première vue. Derrière les mots «immigré», «immigration» se cachent des réalités totalement différentes suivant les époques.
Base empirique : ont été retenus les discours politiques des autorités, des médias et de la base de la population, discours qui ont fait l'objet d'analyses à la fois thématique, argumentative, médiatique et communicationnelle et cela dans une optique transdisciplinaire. But : mieux comprendre à la fois le phénomène de l'immigration et les particularités du fonctionnement concret et quotidien du système politique de la démocratie référendaire suisse ainsi que les spécificités de la communication politique et de sa médiatisation, des formes de participation et d'argumentation politiques, du poids des médias, de la construction de l'agenda politique, du statut de phénomènes comme ceux de la spirale du silence, de l'audienciation, des rapports entre peuple et dirigeants, entre experts et profanes, des publics oppositionnels et des contre-agendas, de la montée des profanes, du statut des Evidences dans un système de discussion publique généralisée.
Les résultats de cette conjugaison d'approches peuvent intéresser à la fois les sciences sociales, les sciences politiques, les sciences de la communication et des médias ainsi que le monde politique et médiatique et même le citoyen ordinaire qui ressort de nos travaux non comme incompétent mais comme un acteur social de plus en plus informé, possédant de multiples ressources et compétences, parfois rebelle et «gênant» mais dont on ne peut pas ne pas tenir compte en démocratie référendaire.