Il y a treize ans, en 2002, Noëlle Châtelet se trouvait
confrontée à la décision de sa mère, de se donner la mort,
pour choisir son heure et éviter, à 92 ans, une fin de vie
qui échapperait à son contrôle. Un choix auquel la fille,
finalement, s'est ralliée, dans une complicité magnifique
et inattendue qui sera l'objet d'un récit, l'année suivante.
Depuis, l'auteur de La Dernière Leçon n'a cessé de lutter
pour ce Droit à mourir. Elle a interpellé les politiques, tenté
de persuader les plus hautes instances, en un combat
qui est aussi un hommage à sa mère, une façon de lui
rester fidèle.
À l'occasion de l'adaptation du livre pour le cinéma,
qu'elle a acceptée après s'y être longtemps refusée, elle
revit les scènes majeures de cet accompagnement et fait
le point sur son engagement. Elle réfléchit, aussi, et de
façon inédite dans la littérature, à cette dépossession
consentie de l'expérience la plus intime, qui va se réincarner
dans des corps et des voix d'actrices.
«Non, je ne suis pas hors-jeu. Bien au contraire. Mon
rôle est tout tracé, ne dépend d'aucun casting. Je me le
donne à moi-même. Je m'en vais raconter le "passage",
de l'intérieur, de cette histoire si singulière et individuelle
à une autre histoire, tout aussi indispensable à mes yeux,
mais qui m'échappera. Jusqu'où ? Comment ? À moi d'y
répondre.»