Jan Amos Comenius (1592-1670) a connu une existence
mouvementée. Appartenant à une Église réformée, l'Unité des
Frères moraves, il doit quitter sa Bohême natale lors de la Guerre
des Trente ans. Il passera le reste de sa vie en exil, de la Pologne
aux Pays-Bas, en passant par la Suède et la Hongrie. Son oeuvre
didactique et philosophique le rend rapidement célèbre. S'il doit
surtout sa renommée à son innovatrice méthode d'apprentissage
des langues, Comenius vise un projet bien plus vaste : poser les
bases de la sagesse universelle, la «pansophie». En contact avec
l'élite sociale, politique et intellectuelle de l'Europe, il est invité
en Angleterre en 1641 par ses admirateurs puritains, puis, en
1642, par le Cardinal de Richelieu, qui le convie à fonder en
France une école pansophique. À la fin de sa vie, il répond aux
virulentes attaques de son ancien ami Samuel des Marets dans la
Continuatio admonitionis Comenii ad Maresium. Ce texte,
traduit pour la première fois en français, constitue une
remarquable source de renseignements sur l'itinéraire du grand
penseur tchèque et sur son rôle dans les échanges intellectuels au
XVIIe siècle.