Avec le concept, l'objectivisme, le rêve, la musique et le jeu, le silence apparaît comme une constante dans la poésie de Zvonimir Mrkonjić, qui déclare : « Si la poésie est capable d'enlever quelque chose au bruit et à la fureur du siècle, elle ne peut le faire que par la parole opérant sur le silence. » C'est en cela qu'il se rapproche le plus de la poétique mallarméenne de l'évocation d'un objet tu, de la fleur « absente de tout bouquet ». Et quand il parle du détroit formé par les « deux libertés impossibles » - celle de refuser la parole, et celle d'en inventer une -, le silence encore une fois ne manque pas à l'appel. Entre se taire et renouveler le langage passe donc ce que Zvonimir Mrkonjić définit comme « un éboulement intellectuel du ciel, des tons musicaux déchirés par le vide, un éclat soudain du mot, le visage de la foudre parmi les miroirs rocheux » - la poésie.
Vanda Mikšić