Tableau d'hiver
« De telles pensées, ces pensées vivantes de votre absence, je devais apprendre à vivre avec elles, comme j'apprenais à vivre seul avec votre maison ». Le roman de Jean-Paul Goux s'écrit avec délicatesse autour de la mort de Claire, compagne de Thibaud le narrateur, et artiste qui dessinait au crayon et au fusain des nuages et des arbres contemplés par la fenêtre de leur appartement parisien, mais surtout de sa maison Au milieu des bois. Une maison dans laquelle Thibaud veut peu à peu réapprendre à « habiter le temps ». Or, cette maison offre un espace dans lequel s'est déposé et se dépose le temps, temps passé avec Glaire, temps présent dans lequel écrit Thibaud, et temps d'un futur désirable, lorsque Thibaud, redécouvrant l'atelier et la beauté de l'oeuvre de Claire, invente pour elle un projet que le temps du livre laisse ouvert. Comment ce roman né de la douleur et de la solitude, puisque Thibaud s'adresse à ses amis et à Claire disparue, comment ce roman peut-il devenir pour le lecteur une telle ode à la beauté du monde, à sa représentation dans l'art, une telle ode au vivant ?
Annie Clément-Perrier.