Les histoires d'enfance sont souvent à la fois banales et extraordinaires. Surtout celles qui touchent aux événements où le monde des adultes, avec ses règles et ses lois, se superpose à celui des plus jeunes confrontés à leurs propres joies et à leurs propres drames.
L'histoire de Tam et de Manu ne raconte rien d'autre. C'est d'amitié enfantine dont il est question. Une amitié déroutante, absolue et exclusive. Avec ses offrandes et ses doutes, ses querelles et ses moments de partage... et surtout son incompréhension des raisons qui pourraient bien amener Tam à quitter le pays parce qu'il manque quelques papiers à son grand-père...
Les premiers jours, je n'ai pas lâché Tam d'une semelle. J'essayais de lui apprendre le français.
« Toi ami moi. » « Tam ami Manu. »
Moi, c'est Manu.
Raoul a rigolé en disant que « Tam ami Manu » ça ressemblait à une langue des îles. « Quelles îles ? » que j'ai demandé. Raoul a répondu « Polynésie ». Je suis allé dire à Madame Joëlle que Raoul m'avait traité de Polynésie. Elle a souri et m'a dit que ce n'était pas franchement grave, que Polynésie était le nom d'un très bel archipel.
Je suis retourné à ma place un peu embêté parce que je ne comprenais pas le mot archipel.