Tebas Land s'inspire du mythe antique d'Oedipe et de la vie du saint européen Martin au IVe siècle ; c'est d'autre part une affaire judicaire créée et imaginée par l'auteur. Il est question du jugement et de l'emprisonnement d'un jeune parricide, Martín Santos, figure centrale et prismatique. Martín a tué son père de vingt-et-un coups de fourchette et porte un chapelet de pétales de rose que lui a offert sa mère. Le corps assassin, le corps abusé et le corps érotique forment un seul et même lieu chez Blanco, celui d'une parole qu'il est sans cesse urgent de formuler. Ce texte est aussi le récit dramatique d'un auteur qui se rend en prison - où il retrouve régulièrement le jeune parricide sur un terrain de basket ball. Il s'entretient avec lui dans le but d'écrire son oeuvre mais aussi dans l'optique de le voir jouer son propre rôle. Progressivement, ce n'est pas tant la scène du crime que sa représentation scénique qui s'avère invraisemblable. La question « comment peut-on tuer quelqu'un » devient « comment représenter un criminel, une personne qui tue une autre personne ? » Entre reconstitution d'un meurtre et enquête sur l'amour filial, le labyrinthe des mots se déploie à travers ce remarquable drame contemporain.