Technique et civilisation
Publié aux États-Unis en 1934, Technique et civilisation est le livre par lequel la France découvre, en 1950,
Lewis Mumford. Alors accueillie par un réel succès, cette pièce maîtresse de l'oeuvre d'un écrivain engagé et visionnaire, affranchi des raideurs universitaires, saisit encore par sa clairvoyance et sa modernité.
Désignant l'invention de l'horloge et le partage des heures en minutes comme le point de départ de l'ère de la machine, Lewis Mumford déroule les trois phases - éotechnique, paléotechnique et néotechnique - d'une immense fresque historique où la machine apparaît tour à tour comme un outil vertueux, porteur de civilisation, et comme l'agent sans conscience de l'aliénation et de la destruction des hommes. Lucide, sans complaisance envers le complexe militaro-industriel et les financiers, il tire déjà la sonnette d'alarme : le « progrès » de l'industrie a conduit à un chaos fait de gaspillage, de pollution, de mal-être, et l'époque appelle à remettre le système productif sur les rails d'un développement favorable à l'humanité.
Le Mumford des années trente, qui croit à une « rédemption » in extremis des sociétés humaines, s'affirme ici comme un écologiste convaincu, partisan avant l'heure de ce qu'on nommerait aujourd'hui la « décroissance ». Cette nouvelle traduction restitue la pensée frappante et lumineuse d'un homme qui, il y a bientôt un siècle, décrivait l'avenir mortifère auquel devaient s'attendre nos sociétés si elles ne faisaient pas, d'urgence, du bien-être des humains et de la préservation de l'environnement leurs seules finalités.