L'Internet change-t-il vraiment nos sociétés ?
Techniques, cultures et sociétés
Dans ce deuxième tome, l'auteur réfute une hypothèse souvent présentée comme une évidence indiscutable : les techniques détermineraient à peu près tout, notamment les cultures, les sociétés et l'économie. Autant dire qu'on prête aux techniques des desseins, une volonté, et quasiment une « âme » ! Les conséquences en sont considérables : si cette hypothèse est valide nous devons renoncer à l'idée que la politique, l'éducation et la culture pourraient changer quoi que ce soit de nos sociétés !
Une deuxième hypothèse découle de la réfutation de la première : elle affirme que les techniques dévoilent et/ou accélèrent les changements culturels et/ou sociaux mais ne les provoquent pas, du moins directement. Une série de tests confronte largement ce point de vue.
Les techniques n'ont probablement pas l'importance que nous sommes tentés de leur accorder en tant que facteurs de changements sociétaux et culturels. Dès lors, si l'Internet est une technique, il n'est nulle raison pour que nos sociétés en soient profondément modifiées. A tout prendre, comme le dit l'économiste sud-coréen Ha-Joon Chang, les machines à laver le linge ont eu un impact certainement bien plus important sur les sociétés occidentales via la libération des femmes que l'Internet !
Un autre test (sociétal) de la deuxième hypothèse doit être engagé : l'Internet est-il impliqué : a/ dans la montée des avatars de l'individualisme (une préférence de plus en plus marquée pour la « grappe » ou « tribu » que notait déjà Tocqueville), b/ dans le goût singulier de nos contemporains pour leur propre mise en scène, c/ dans leur désir de transparence à tout prix ? Elision des espaces et de temps vécus, abaissement de la communication en flatus vocis, refus de la solitude, quasi extinction du soi... l'Internet ne fait que participer d'une vaste entreprise de déréalisation (qui a partie liée avec un consumérisme triomphant), mais dont les origines ne sont pas nouvelles.