Le récit de tempête est un des topoi les plus courants, mais aussi les plus durables du roman. Prenant sa source dans la littérature antique et les textes bibliques, il devient l'expression privilégiée de la sensibilité romantique. Mais les tempêtes de l'époque classique ont souvent été considérées comme de pâles imitations des Anciens ou des prémices inaboutis des romantiques. Le présent essai confronte les textes narratifs - romans et récits de voyage - entre le XVIe et le XVIIIe siècle, et montre que les récits de tempête possèdent des qualités littéraires et une profondeur exceptionnelles : ils suscitent un questionnement à la fois esthétique, éthique et philosophique.