Au premier regard, il semblerait que nos sociétés occidentales soient désormais dépourvues de messianisme et d'utopie, que ce « constat » soit interprété comme l'installation dans une société enfin libérée de toute altérité historique ou comme l'entrée dans une « crise sans précédent, et pour la première fois dans l'histoire, non pas transitoire, mais permanente, définitive » (P. Ricoeur). Ces positions appellent cependant réserves et perplexités. Ne s'établissent-elles pas sur un oubli massif des représentations propres aux parties du monde et aux groupes humains marginalisés ? Au prix de quelles prétentions des ressources d'imaginaire et d'action acquièrent-elles leur légitimité ? Avec le statut de la modernité comme rupture, c'est l'identité chrétienne, selon la matrice apocalyptique, qui est, au plus vif et comme à nu, questionnée. Les textes ici rassemblés reprennent les interventions de la session théologique 1993 qui s'était donné pour objectif de « penser l'espérance chrétienne », comme mémoire d'une promesse ouvrant l'avenir, au gré de relectures bibliques et de relèves philosophiques, face aux incertitudes actuelles sur le temps et l'histoire.