Têtes interverties est un roman policier. Au début des années
quatre-vingt, après un an passé en Israël, le narrateur,
un jeune violoniste russe originaire de Kharkov, est engagé
comme co-soliste dans l'orchestre d'opéra d'une grande ville
d'Allemagne de l'Ouest, Zickhorn. Par un incroyable
concours de circonstances, il découvre que son grand-père
- également violoniste et qui, pour sa famille, avait été fusillé
par les Allemands en 1941 -, a travaillé dans l'orchestre
de Rotmund en 1943, protégé par le grand compositeur nazi
Gottlieb Kunze. Les recherches qu'il tente alors auprès
des proches de Kunze l'entraînent dans un labyrinthe où
de nouvelles énigmes et des révélations, notamment sur sa
propre famille, l'attendent à chaque pas.
Nous recommanderons au lecteur de ne pas chercher
Zickhorn sur la carte. Il serait vain aussi de se plonger dans
des encyclopédies en quête de la biographie de Kunze, malgré
toute la vraisemblance de ce personnage, enraciné dans la vie
musicale du IIIe Reich et le destin de l'Europe,
ami de Goebbels, rival de Strauss, cible des critiques
de Stravinski, auteur de l'opéra Les Têtes interverties auquel
Thomas Mann empruntera son titre pour un de ses livres.
Sous cette forme captivante, l'auteur, lui-même premier
violon à l'opéra de Hanovre, enchevêtre sur un mode
humoristique sa méditation sur l'exil, la question des origines
et l'histoire de la culture européenne.