Les textes et documents réunis dans le présent volume de cet ensemble sur Les fondements philosophiques de la tolérance retracent des moments centraux de la formation du concept moderne de tolérance et de sa difficile mise en œuvre politique. Ils constituent des étapes dans l'élaboration de la problématique, de l'argumentation et des polémiques qui donneront lieu, à la fin du XVIIe siècle, à la mise en place d'une théorie de la coexistence civile des religions avec l'ensemble de ses déterminations concernant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, la dignité de la conscience, fût-elle errante, la réduction de la notion d'hérésie, la séparation entre autorité et vérité, ainsi qu'entre foi et savoir.
Certains de ces textes, très célèbres, comme ceux de Pierre Bayle et de Locke, sont éclairés d'un jour nouveau. D'autres, beaucoup moins connus, sont pourtant tout à fait décisifs, comme ceux de Milton, Clifford, Henri Basnage de Beauval, et alii. Leurs auteurs les ont rédigés en Angleterre, en France ou pendant leur exil en Hollande. Ils sont complétés par des documents historiques français et anglais aussi capitaux dans l'histoire politique et institutionnelle de la tolérance que l'Edit de Nantes (1598) et l'Edit de Fontainebleau (1685) qui en porte révocation, ou la Déclaration de Breda (1660), les Déclarations d'indulgence (1672 et 1687), ainsi que la Loi de tolérance (1689).
Ils permettront au lecteur de prendre une exacte mesure non seulement des enjeux philosophiques, mais également des pratiques, des procédures et des conflits qui sous-tendent la tolérance conçue comme une valeur éthique et forme de co-existence élaborée dans l'histoire occidentale moderne. L'idée de tolérance nous confronte à un trans-historique - une valeur permanente - produit par une histoire particulière. Cet ouvrage entend en effet montrer comment l'histoire produit des valeurs qui ne se réduisent pas au contexte de leur formation et dont l'importance demeure fondamentale pour nous.