« L'homme se sentait comme un grain de poussière dans le néant gelé. Tout autour de lui, il voyait la glace s'étendre jusqu'aux confins de la Terre : de la glace blanche et de la glace bleue, des langues et des saillies de glace. Il n'y avait pas de créatures vivantes en vue. Pas un phoque ni même un oiseau. Rien, à part lui. Il avait du mal à respirer et à chaque expiration la buée gelait sur son visage : un lustre de cristaux pendait à sa barbe ; ses sourcils étaient durcis par le givre, tels deux spécimens préservés dans la glace ; chaque fois qu'il battait des paupières, ses cils craquelaient. Si tu prends l'eau, t'es mort, se répétait-il fréquemment. Il faisait près de moins quatre degrés, mais la sensation de froid était renforcée par le vent, lequel soulevait parfois un nuage aveuglant de particules de glace qui le fouettait et le désorientait tant qu'il basculait, ses os s'entrechoquant à l'impact contre le sol. »