Contrairement aux trois premiers volumes du Théâtre
complet, celui-ci n'interroge pas le couple et ses accidents,
mais la subordination. Farce triestine, comédie burlesque
en un acte écrite en triestin, porte jusqu'au délire les rapports
d'une maîtresse de maison avec les quatre domestiques
qu'elle a recrutés sans se douter qu'ils étaient des
voleurs. Dans Infériorité où n'apparaît aucune femme,
sont mis en jeu, autour d'un riche bourgeois et de son
domestique, deux amis aristocrates. Pour cette longue
pièce en un acte qui porte à l'incandescence les rapports
d'inégalité, Svevo a choisi une fin tragique après avoir éliminé
trois autres dénouements, dont l'un éludait la tragédie
au profit d'un comique à goût de cendre. Quant à la
troisième pièce, non terminée et intitulée Avec ma plume
en or, elle déroule en quatre actes, et essentiellement
entre des personnages féminins, les conséquences de
multiples dépendances liées à l'âge, à la maladie, à la
condition sociale, à la pauvreté. L'écriture de ce triptyque
s'étend de 1913 à 1926 : elle succède à la rencontre de l'auteur
avec Joyce (1907) et avec la psychanalyse (1911), elle
englobe les effets de la Grande Guerre et du retour de
Trieste à la «patrie italienne» (1915-1919), elle accompagne
la composition, la publication et la lente montée
vers le succès de La Conscience de Zeno (1919-1926),
au moment même où commence à sévir dans la ville-frontière
le fascisme mussolinien.