Thiers
Pourquoi Thiers ? Pourquoi une biographie de l'homme qui reste
dans les mémoires comme le sinistre fossoyeur de la Commune ?
Pourquoi raconter la vie de ce Monsieur Prud'homme, emblème
de la bourgeoisie conquérante et sûre d'elle ? À cause de tout
cela - et aussi parce que Thiers, dont Balzac s'inspira pour créer
son Rastignac, est un incroyable personnage de roman.
Car Thiers, c'est aussi : un enfant du peuple, abandonné par
son père escroc, qui, grâce à son
ambition et son travail, deviendra chef de l'État. Un provincial monté
à Paris, qui séduit par son intelligence les salons et, en premier lieu, le superbe Talleyrand. Un journaliste touche-à-tout qui, à peine arrivé à Paris, découvre le génie de
Delacroix, ébranle la Restauration en théorisant, dans le journal qu'il a créé, le système parlementaire et
participe au plus haut niveau à la
révolution de Juillet 1830. C'est
aussi un politicien taxé d'opportunisme, mais qui n'a jamais rallié le Second Empire, dont il prévoit, fustigeant à la Chambre
la politique étrangère de Napoléon III, la terrible chute. C'est le diplomate qui, à soixante-treize ans, parcourt l'Europe pour trouver des alliés à la France. C'est le libérateur du territoire qui règle aux Allemands une exorbitante rançon de 5 milliards de francs sans pour autant ruiner les finances du pays. Thiers, enfin, c'est l'homme d'État qui comprend en 1871 qu'il est temps de fonder la République... Thiers, c'est le XIXe siècle.