Bernie et sa femme ne se remettent pas de la mort soudaine de leur fils. La douleur, insoutenable, a eu raison de leur histoire. À quelques encablures de là, Sylvain et Élodie jouent de malchance lors des premiers remous du mouvement des gilets jaunes. Dans un accès de panique, cette dernière a mortellement renversé la mère du jeune garagiste, qui doit lui aussi composer avec le deuil. Plus bas dans la vallée, Édith fuit vers l'inconnu. Son compagnon a levé une fois de trop la main sur elle, mais le hasard la mène sur la route de Bernie, ermite devenu sauveur. Les chemins des Alpes-de-Haute-Provence rassemblent ces personnages unis dans le chagrin lors d'une éprouvante période hivernale, où l'affliction des êtres fait écho à celle des arbres, leur offrant un espoir de guérison, une chance de tordre la douleur.
La température remonta d'un cran et la neige si douce depuis le ciel, si dure sitôt chue à terre, survint comme une seconde peau. Les arbres surpris par cette greffe intempestive, se grattèrent et le vent, jetant d'abord son dévolu sur le penchant côté nord, fit s'envoler les feuilles les plus chétives tel un cheval apeuré au galop. Par contre, sur le flanc sud, il enroulait les flocons, les tricotait en écharpes blanches et épaisses autour des branches encore persistantes des chênes pubescents. La neige était lourde, gorgée d'eau. Les charpentières finiraient par rompre et celles des fruitiers - pruniers ou pommiers - par se fendre en deux. Seuls les pins et les cèdres réussiraient partiellement à se protéger en repliant leur ramure, de la même manière que l'on referme à la hâte un parapluie ou un parasol, à l'approche d'une tornade.