Entrée en résistance contre l'occupant nazi et ses complices français dès l'âge de 17 ans, Marie Jo-Chombart de Lauwe est arrêtée le 22 mai 1942. Elle a moins de 19 ans.
Emprisonnée à Rennes, puis à Angers, la Santé et Fresnes, elle sera déportée à Ravensbrück et Mauthausen. Un parcours que bien d'autres femmes ont connu.
Mais dès son retour, alors que tout son être brûle encore des douleurs accumulées, elle rédige des notes pour retracer son vécu.
Elle n'a que 22 ans et chaque phrase écrite difficilement hurle la détresse et l'espoir, le courage, la colère, les désillusions, l'angoisse, l'amitié et tant d'autres sentiments exacerbés par des conditions de vie effroyables.
Il fallait publier ce témoignage brut, écrit à chaud et bouleversant de vérité.
Voici le quotidien angoissant des prisons, les bébés de Ravensbrück qui ressemblent à des vieillards et meurent les uns après les autres, le courage et la haine des déportées, parfois aussi leur renoncement, la bestialité des bourreaux, la vie quotidienne dans un Revier, l'extraordinaire attachement qui unit Marie-Jo et sa mère, déportées ensemble et qui resteront ensemble jusqu'au bout, tandis que le père disparaît à Buchenwald.
Aucun effet dans ce texte, la parole nue, magnifique chant d'amour pour l'être humain en général et ses camarades de déportation en particulier. Un cri de souffrance souvent, de confiance toujours.
A un tel récit rédigé sans recul, Marie-Jo ajoute une réflexion personnelle qui englobe toute sa vie, totalement fidèle aux valeurs humaines de la Résistance et de la Déportation.
Jean-Pierre Vittori