Traces de l'ombre
À une époque où les textes sur le monde et sa violence sont rédigés d'abord et surtout par des journalistes, des sociologues, des psychanalystes et d'autres auteurs des sciences humaines, le poète peut avoir aussi son mot à dire. C'est le projet d'Alain Rivière qui, depuis plusieurs années, écrit sur la brutalité de la vie quotidienne et sur les guerres, les migrants et les sans-abri d'un monde saturé d'images et de moyens dits de communication. À partir d'expériences vécues, il évoque de nombreuses situations pour nous faire part d'un autre regard et d'une autre envergure que la poésie peut nous révéler. Dans cette approche, le poète interroge la vie même et la violence qui ne cesse de l'entourer. La naissance et la mort sont directement abordées pour inviter à une réflexion sur la fragilité de notre présence qui se trouve d'abord dans la fragilité des mots. De là aussi tout un travail poétique que Rivière entreprend avec des quatrains, de brefs poèmes, dont le rythme au fil des pages forme comme une mosaïque que le lecteur est invité à recomposer suivant les associations et les souvenirs de sa lecture. Les poèmes sont ici devenus des traces pour faire un autre chemin.