L'oeuvre de William Shakespeare figure parmi les mieux connues et les plus traduites. Voltaire fut le premier à la faire connaître au public français. Depuis, bien des écrivains se sont enthousiasmés pour le barde d'Avon. Son théâtre est libre et audacieux. Il présente, selon la formule de François Guizot, « le spectacle des choses humaines ».
Bien que n'étant ni anglophone ni anglophile, Robert Brasillach a relevé le défi redoutable de traduire trois pièces de Shakespeare : Hamlet, Macbeth et Le Marchand de Venise. En raison de son amitié avec la famille de Georges Pitoëff, ce dernier lui avait demandé, au début des années 1930, une traduction de Hamlet. L'époque se prêtait justement aux doutes et à l'inquiétude de ce personnage brumeux et hésitant au bord de l'abîme. Le choix de Macbeth fut sans doute motivé par le même besoin, alors que celui de la troisième pièce, Le Marchand de Venise, reste plus mystérieux.
Brasillach se passionnait de plus en plus, à cette époque, pour le théâtre, français et étranger, et fréquentait les « animateurs de théâtre ». Il consacra, en 1938, une biographie au grand dramaturge Pierre Corneille.
Les traductions de Shakespeare qui paraissent ici sont parmi les plus fraîches et les plus poétiques en langue française. Car Robert Brasillach était un poète, lui aussi, de sorte que la qualité de sa traduction pour ces trois pièces capitales de Shakespeare en bénéficie. Le français y est clair et contemporain. Il dépoussière les traductions antérieures.
Shakespeare eut une influence importante et incontestable sur le jeune auteur dramatique Brasillach, dont au moins « un début de pièce » rédigé - Septentrion - porte la marque. Si Brasillach avait eu l'occasion de poursuivre plus loin sa carrière d'écrivain, de dramaturge et de traducteur, il aurait produit dans sa maturité d'autres créations théâtrales inspirées du génie anglais - et peut-être de nouvelles traductions en français.