Le dernier empereur allemand cristallise les angoisses d'une fin
de siècle qui s'achèvera avec le premier conflit mondial et l'exil de
Guillaume II. Taxé de folie vers 1900, souvent comparé à Néron ou
à d'autres empereurs romains, épinglé par la caricature, le dernier
Kaiser semble incarner les contradictions et les crépuscules des
dynasties impériales. Or, l'un des meilleurs miroirs que cette période
ait trouvé pour refléter sa peur ou sa fascination devant le pouvoir
absolu est le prétexte antique.
La présente étude s'appuie sur de nombreuses oeuvres
antiquisantes allemandes et françaises des années 1880-1914, pour
souligner les interactions entre antiquité et modernité. Bien sûr, la
critique est souvent tapie derrière le masque et les coïncidences trop
flagrantes, mais l'objet et la cause de ces transpositions antiques
sont plus complexes. Avant tout, l'omnipotence impériale révèle la
fragilité d'un Ego confronté à une relation dialectique avec ses
Sujets. La littérature se fait alors le prétexte d'une réflexion d'ordre
à la fois politique et philosophique sur la tragédie du pouvoir.