«Après que l'expérience m'eut appris que tout ce
qui arrive fréquemment dans la vie commune est
vain et futile, je vis que tout ce qui était pour moi
cause ou objet de crainte n'avait en soi rien de bon
ni de mauvais, si ce n'est dans la mesure où l'âme en
était agitée, je décidai enfin de chercher s'il y avait
quelque chose qui fût un vrai bien, susceptible de se
communiquer et par lequel seul, toutes les autres
choses ayant été rejetées, l'âme serait affectée ; bien
plus, s'il y avait quelque chose dont la découverte et
l'acquisition me permettraient de jouir d'une joie
continue et suprême pour l'éternité.»
Laissé inachevé, le Traité de la réforme de l'entendement
constitue pourtant une oeuvre cruciale pour la
compréhension de l'évolution de la pensée spinoziste.
En analysant l'idée vraie donnée, les règles d'une
définition véritable, les propriétés de l'entendement
et le respect rigoureux de l'ordre déductif, il
donne les instruments intellectuels indispensables
qui seront mis en oeuvre dans l'élaboration de
l'Éthique, avec la rigueur et la maîtrise exemplaires
que l'on connaît.