Le « Traité des figures célestes » est le plus ancien écrit chinois sur les sciences célestes, touchant au fil du pinceau à des domaines aussi divers que la cosmologie, l'astronomie, l'astrologie, le calendrier, l'hémérologie, l'harmonie musicale et la gnomonique. À l'instar du Livre II de l'Histoire naturelle de Pline sur la cosmologie et la météorologie, cet écrit forme le chapitre trois du Maître de Huainan, un monument littéraire à caractère encyclopédique compilé au milieu du IIe siècle avant notre ère.
Si les « Figures célestes » ne sont pas sans évoquer les traités spécialisés sur l'astronomie et le calendrier compilés au siècle suivant et inclus dans les Histoires officielles de la dynastie Han, les calculs savants y sont peu présents et les exposés techniques introduits de manière souvent très allusive. En revanche, une large place est dévolue à la notion de souffle vital (qi), aux cycles d'alternance du yin et du yang et des cinq éléments, à des mythes et à des légendes, et une attention particulière est portée aux applications divinatoires du calendrier.
La présente traduction a largement bénéficié de la découverte récente, dans les tombes des élites locales du IVe au IIe siècle, d'un nombre considérable de manuscrits astrologiques, de recueils d'hémérologie et de calendriers. Ces témoignages vivants des écrits en circulation à l'époque dans la société permettent aujourd'hui de mieux comprendre l'organisation d'ensemble des « Figures célestes » et d'en élucider de nombreux passages obscurs. La quatrième partie de l'introduction fournit tous les éléments utiles pour guider la lecture de la traduction, et les commentaires font découvrir, chemin faisant, ces fascinants manuscrits encore largement inédits auxquels les auteurs ont puisé, d'une manière ou d'une autre, pour composer leur traité.