Le Traité du ciel peut paraître issu de la plume
d'un «autre» Aristote. En effet, on y trouve des
notions presque ignorées du reste du corpus
aristotélicien, comme celle de la «quintessence»,
des doctrines bien connues exposées sous une
forme inhabituelle, comme celle des éléments,
une écriture parfois enthousiaste et poétique
qui tranche avec la sécheresse habituelle du
Stagirite. Peut-être le Traité du ciel est-il une
oeuvre de jeunesse, comme beaucoup l'ont pensé.
À moins que tous ces décalages tiennent au
point de vue spécifique à cet ouvrage, qui est un
traité de cosmologie. Cette nouvelle traduction
s'attache à cerner les caractéristiques d'un texte
étonnant, et surtout à déterminer la forme
des argumentations et des raisonnements qu'il
met en oeuvre. Ce qui conduit finalement à
une question capitale : comment un traité plus
ouvert que dogmatique, plus hypothétique
qu'affirmatif, a-t-il pu contribuer aussi puissamment,
après sa redécouverte au Moyen Âge,
à figer l'image occidentale du cosmos jusqu'aux
temps modernes ?