Traverser la nuit
La nuit est paradoxale.
Qui n'a jamais eu peur de la nuit ? Ses ombres isolent, son silence enserre, ses bruits inquiètent. Elle évoque la mort.
Qui n'a jamais désiré que le soir tombe, enfin, après une journée écrasante ? La paix de la nuit, le repos de la nuit, le recueillement aussi, les rencontres même. La nuit prépare l'aurore.
Explorer les secrets de la nuit est une entreprise utile : nuit de la création, nuit des songes d'Abraham, nuit du combat de Jacob, nuit du passage de la mer rouge, nuit de Bethléem, nuit de la résurrection de Jésus.
Fréquenter la nuit amène à percevoir ce qui en fait la richesse et la grandeur : c'est de nuit que l'on s'approche de Dieu, qu'on avance, et que se révèle ce que l'homme n'avait pas osé imaginer. La nuit cosmique devient langage de la rencontre mystique.
Lorsque saint Jean de la Croix évoque la nuit obscure, il la chante comme le passage de l'âme vers l'union à Dieu. La marche vers la Rencontre comporte des périodes d'obscurité, d'indigence, de délaissement, de privation, mais elle conduit à la lumière.
N'est-ce pas l'expérience de Marie, la mère de Jésus qui, à travers un chemin obscur, a entretenu en son coeur la vive flamme de l'espérance ?