Né en 1928, Georges-Arthur Goldschmidt a été confronté à des limites et frontières de plusieurs sortes, et il les a traversées tout au long de sa vie. Après celles du cercle familial, celles de son pays natal et de sa langue maternelle comme auteur de récits, de romans et d’essais, mais aussi traducteur et auto-traducteur. Celles aussi de l’histoire, comme témoin de la Shoah et avertisseur, attentif aux relations franco-allemandes, à l’héritage juif de la culture allemande, à la responsabilité des écrivains et philosophes face aux catastrophes du e siècle. Passeur et penseur des langues et des mondes, il a répondu à la destruction politique en multipliant les passerelles entre littérature, philosophie et psychanalyse.
Pour la première fois, ce volume réunit des études « croisées » de chercheurs français et allemands, qui ouvrent un dialogue à partir de ces traversées des limites. Quatre perspectives sont au centre de ces études : l’entre-deux des mémoires – l’exil et la Shoah, la libération par la langue et la culture française ; les questions des deux langues, de la traduction et de l’auto-traduction ; la présence, les liens et les traces du corps et de l’Histoire ; les livres comme « songes » et récits par « sautes d’images » et « rebonds perpétuels » (Peter Handke).