«Un magazine m'avait chargé d'écrire quelque chose sur Rubin "Hurricane" Carter, le champion de boxe poids moyen, et sur son procès pour homicide volontaire. Il me semblait qu'il y avait erreur judiciaire. Ce que j'ai écrit a pris peu à peu la forme d'un livre.»
Tricoté comme le diable est de l'Algren à l'état pur, avec ses imperfections, avec ses passages où sa prose frappe à grands coups. L'art avec lequel il transforme le fait réel en fiction apparaît immédiatement (...). Pour ceux d'entre nous qui ne sont pas familiers des tribunaux et des prisons sinistres, des hôtels borgnes, des individus qui vivent dans les peaux noires et brunes d'un monde blanc, Algren garde sa capacité de choquer et d'indigner. On ne voudrait pas passer une nuit dans certains des endroits qu'habitent ses personnages, et où ils ne devraient pas être obligés de vivre si leur existence n'était pas aussi désespérée. Mais on sent bien qu'il ne s'agit pas que d'invention pure et simple. Et si l'auteur a voulu nous forcer à regarder l'injustice qu'il voyait dans les obscurs recoins de l'American Way, Tricoté comme le diable «remue la boue» et appartient à une tradition littéraire forte.
Extrait de l'avant-propos de Herbert Mitgang