Cher directeur Cole,
Conformément aux directives que vous m'avez adressées l'année dernière suite à mon enquête sur le " Dossier de l'Archiviste ", je vous remets mon rapport de suivi par le présent document.
Ce dossier – qui se termine brutalement à la date du 28 mars 1989, avec la disparition soudaine et la mort présumée du Major – nous a laissés face à de multiples orientations possibles pour notre enquête. Comme vous me l'avez suggéré à l'époque, j'ai depuis mené mes propres investigations " dans tous les terriers de lapins et à la cime de tous les pommiers ", en quête de réponses. Pour l'exprimer de façon plus simple, je suis devenue " l'Archiviste ".
Contrairement au dossier précédent, dans lequel les documents sont pour la plupart présentés dans leur intégralité, comme l'exige la procédure au sein du Bureau, j'ai cette fois pris le temps de regrouper les éléments pertinents que j'ai découverts, de façon à former un récit continu.
Comme vous me l'avez également demandé, j'ai entamé ce projet dans la ville de Twin Peaks, afin de découvrir l'historique de nombreux habitants – que vous avez personnellement connus, pour beaucoup d'entre eux – sur les dernières décennies. J'ai ainsi appris quantité d'éléments surprenants – votre expression : " Ces bois sont remplis de secrets " fait figure d'euphémisme – et d'autres choses reflétant la vitesse stupéfiante à laquelle toute communauté, quelle que soit sa taille, évolue en un quart de siècle.
Si ce phénomène est extrêmement difficile à percevoir sans recul – il est quasiment invisible au jour le jour –, il est aussi vif que la foudre dès lors qu'on l'observe de loin. J'en conclus que les épreuves et futilités quotidiennes ont un effet anesthésique sur l'esprit, qu'elles engourdissent et empêchent de saisir le passage et les ravages continuels du temps. J'ai également appris à voir dans cet effet une forme de miséricorde, ce qui incite à n'en pas douter à l'humilité.