Chacun désire confier sa santé - physique et morale - à un
«bon médecin». Mais c'est une espère rare. Qu'est-ce
qu'un bon médecin ? Cet essai philosophique tente de
répondre à cette question. Un «bon» médecin est à la fois
savant, patient et prudent.
La médecine contemporaine use et abuse, au point de devenir
scientiste, de la médicalité. Elle décompose le corps, ne le perçoit
que dans l'instant, réduit la maladie au biologique, et oublie
l'homme. La science est nécessaire, mais elle ne peut suffire au
bon médecin.
Il faut également la patience, vertu qui laisse advenir le temps
de l'autre - le malade - et permet de rétablir la symétrie dans
une relation, au départ, totalement asymétrique : celui qui sait
face à celui qui ne sait pas, ou peu. La vertu de patience donne à
la relation de soin la dimension d'une rencontre dans laquelle le
patient (doué de la vertu de patience, le médecin) exerce un
ministère au profit du patient (le malade, celui qui souffre).
La prudence n'est pas moins nécessaire. Qu'elle se présente
comme habileté, modestie, prévoyance, expérience, capacité de
délibération afin de choisir la moins mauvaise solution, elle
manifeste une sagesse pratique s'appliquant à des cas particuliers.
Car la science ne se préoccupe que du général.
Enfin, un bon médecin doit être un médecin «bon». La
sagesse pratique ne suffit pas, il lui faut aussi une inquiétude par
l'autre qui est l'origine même de l'éthique.