Un certain art de vivre
On le retrouve dans un hôtel de Bornéo. Il lit, mais pas trop, Valery Larbaud (Les poésies de A. O. Barnabooth), flâne, désoeuvré, dans cette ville qui le laisse indifférent, regarde par la fenêtre les couchers de soleil, ces « merveilles de cuivre en fusion », boit du rhum les rideaux tirés, mais surtout pense de manière obsessive à Hoki qui vient de le quitter. Sa tristesse qui le jette parfois dans une panique folle ne l'empêche surtout pas de réfléchir avec lucidité à ce qui compose sa vie. Il note dans ce journal intime qu'il faudrait « penser à de nouvelles relations avec le monde minéral », et s'inquiète de ne plus se reconnaître « dans le miroir à force de vivre sans reflet ».
Dans ce livre, à la fois sobre, poétique, et non sans humour, Dany Laferrière se révèle un héritier de Basho et de La Rochefoucauld, ces grands maîtres du bref. Un concentré de son oeuvre, un art de vivre certain.