C'est un portrait du plus grand architecte du XXe siècle, le
prophète des temps machinistes. C'est un voyage surtout, à
certains égards un voyage sentimental, l'évocation du paysage
intellectuel d'un homme d'un tout autre temps. Un voyage
mélancolique. Un voyage en deux moments historiques que
sépare la Seconde Guerre mondiale. L'exploration commence
par la face nord de ce paysage, escarpée, un ubac plutôt froid,
parfois glaçant, obstiné, dur à gravir, où s'entendent les oiseaux
noirs : ramage et plumage du jeune Corbu, le corbeau jurassien.
Obsession de l'ordre, lointains bruits de bottes. C'est l'enfance
d'un chef puis sa maturité.
Et voici qu'après une sorte de col atteint dans les années de
l'Occupation, après un replat, l'aventure dévale vers les Trente
Glorieuses sur un versant plus ensoleillé qui porte ses fruits,
notamment dans la lumière du Midi. Et c'est la Reconstruction,
la naissance du fada. La Cité radieuse de Marseille, ses querelles
et ses trois avatars dans d'autres climats : quatre destins. Puis c'est
la mort du vieux, Zarathoustra noyé sur la plage de Roquebrune,
c'est la fin des utopies, et c'est nous autres.