L'existence semble arrimée à quelques foyers d'image ou de récit, et bien souvent, notons-le, le coeur en est l'absence : importe ce qui n'a pas eu lieu, ce qui s'est dérobé, rencontres non advenues, amours frôlées, curiosités inassouvies, arrivées tardives. La mort règle les comptes. Elle s'appelle Destin. Dans la nuit de l'âme comme dans celle du monde, le poète est un veilleur.
On imagine mal aujourd'hui, en ces temps de ferveur exhibitionniste, comment la vie de l'esprit et du corps peuvent s'écrire avec tant de sobriété et, au fond, de délicatesse. Mais il en va, dans cette étrange simplicité, dans cette réserve prudente, beaucoup moins de pudeur que de vérité.