Pendant deux ans et demi, il a été la figure de la crise du Covid-19 : président du Conseil scientifique, en relation permanente avec le chef de l'État, le professeur Jean-François Delfraissy a été au cœur du réacteur sanitaire, politique, médiatique. Confinement(s), pass sanitaire, mesures de restriction, « cas Raoult », ouverture des écoles, protection des plus âgés, etc. : aucune grande décision, aucun arbitrage majeur n'a été entrepris sans son avis. Ce qui ne signifie pas que le Conseil scientifique fut toujours suivi. D'où des tensions, et même des conflits, au centre desquels se sont confrontés le monde du savoir et celui du pouvoir. Et qui ont bousculé le fonctionnement même de l'État.
D'immenses questions éthiques ont été soulevées par la pandémie : atteintes aux libertés (arbitrage entre aspirations individuelles et dessein collectif), comportement de l'industrie pharmaceutique, affectation des vaccins (en priorité aux plus fragiles), triage des patients, état d'urgence, équité vs égalité des dispositifs... Sur tous ces sujets, l'indépendance du Conseil scientifique était cruciale, elle était la condition sine qua non de l'engagement de Jean-François Delfraissy. Cette indépendance est à l'image d'un homme auquel sa trajectoire de médecin et de scientifique, de gestionnaire de crise (VIH, Ebola) confère une image de grande intégrité. Et de confiance.
Dans ce livre, il donne sa version de l'histoire. Fort de sa liberté de parole, il raconte les coulisses d'une crise exceptionnelle et ne cache ni les doutes ni les erreurs qui ont émaillé cette « épreuve à vue ». Laquelle délivre ici des enseignements qui interrogent le fonctionnement du pouvoir comme la vie publique et citoyenne de notre pays.