Un soir de novembre 2003, à la Foire du Livre de
Brive-la-Gaillarde, le romancier et sociologue Azouz
Begag, enfant des bidonvilles et de la banlieue à
Lyon, croise Dominique de Villepin, flamboyant
ministre des Affaires étrangères. Sur le mode de la
plaisanterie, Azouz lui fait savoir combien il aimerait
être ambassadeur dans quelque pays lointain
d'Afrique.
Dix-huit mois plus tard, le jeudi 2 juin 2005, son
portable sonne : c'est Villepin, nouveau Premier
ministre, qui lui annonce de but en blanc qu'il l'a
nommé ministre délégué à la Promotion de l'égalité
des chances.
Une nomination symbolique pour incarner la
diversité française ? ou bien une promotion destinée
à faire contrepoids à l'image répressive du ministre de
l'Intérieur, Nicolas Sarkozy ?
De fait, à compter du jour où le mot «racaille» est
lancé par ce dernier et à compter du début de la crise
des banlieues de novembre 2005, c'est la guerre ouverte
entre l'hôte de la place Beauvau, son entourage, et le
ministre délégué, insulté, ignoré, bafoué, confiné dans
sa rage et sa persévérante volonté de bien faire.
C'est la chronique de ces deux ans d'expérience
gouvernementale, unique dans les annales de la
République que retrace ce récit haut en couleurs.