Beaucoup d'attentions autour de moi, coups de téléphone, petits mots et je sais que j'ai l'air un peu dur, écartant vite des conversations, m'interdisant à moi-même les visites, mais c'est que je ne souhaite pas couler et j'ai déjà assez de mal, je dois faire beaucoup d'efforts pour simplement me tenir à la surface de l'eau sans pouvoir en plus tenir une conversation sur l'Art de la natation.
Désolé pour la tendresse, des autres, dont je ne doute pas, mais la tendresse est terrible, elle vous fait vous abandonner.
Et, brusquement, on aperçoit un fauteuil, des fauteuils. Ils sont vides, fauteuils sans attrait ni identité. Rien. L'objet réduit à la plus simple expression de sa fonctionnalité, à son programme. Nullement décoratifs, dépourvus de tout ornement, ils attirent en raison de cette médiocrité - là justement. Elle rehausse encore plus le travail des répétitions qui s'accomplit dans un pareil lieu. Il n'inspire pas, il ne nourrit pas, il faut trouver l'énergie en soi, dans le désir de théâtre et dans l'attente du public. Le lieu n'impose aucune exigence, elle est le fait de l'acte seul. Nullement frustré par la nature du lieu, celui-ci se prépare là, dans la bonne humeur et l'amitié si nécessaires à Lagarce. «Sourire, avec douceur», aimait-il dire.
Georges Banu
Quelques nouveaux autoportraits, encore, fabriqués de toutes pièces, mensongers et fiers de l'être, de faux aveux longuement répétés, des déclarations d'amour et des souvenirs inventés, plus beaux toujours que ceux-là si beaux qu'on croyait vrais, des photographies noires et blanches, un ou deux reflets dans l'obscurité.