En opposition avec l'homme moderne qui se révolte
contre la tyrannie, contre Dieu, contre la
sainte croyance de ses pères, nous avons
l'homme postmoderne : un sujet assujetti, dépendant
d'une «machinerie de pouvoir qui le
fouille, le désarticule et le récompense» (Foucault),
«formé dans la soumission», «constitué
dans la subordination», habité par «une
passion primaire pour la dépendance» (Judith
Butler), sans projet révolutionnaire sous prétexte
qu'il serait totalitaire, sans identité parce
qu'elle n'existe pas, avec ses valeurs pour soi,
isolé dans un monde virtuel, essayant d'approfondir
sa subjectivité radicale (mais impuissante),
entouré d'un monde réel où règnent le
profit, la force politique, les armées, l'exploitation
de plus en plus effrénée. Si l'on suivait les
propositions postmodernes, sur quoi compterions-nous
aujourd'hui pour avancer vers
l'émancipation sociale ?