«"Remarque, je la comprends. C'est plus amusant
de lire un roman que d'aller à la messe."
Papa, furieux, se retourne contre maman et l'accuse
de saper les fondements de ma foi. Elle rétorque qu'elle
n'a rien dit de mal, que de toute façon chacun est libre
de penser comme il veut, et que je suis bien capable de
juger par moi-même ce qui, de la lecture d'un roman
ou de la messe, est le plus amusant.
"Elle n'a qu'à rester à la maison ! hurle papa. Puisque
c'est comme ça, j'irai seul !"
Vite je ferme mon livre, je me lève, je mets mon manteau,
je suis papa.»
Marie, la narratrice de La haine de la famille et
d'Un brillant avenir, raconte ici les rapports qu'elle a
entretenus avec la religion au cours de son enfance et
de sa jeunesse, entre un père croyant et une mère athée.
Elle évoque la naissance du désir à travers des passions
successives, et la découverte de l'amour, vécu d'abord
comme une crucifixion, puis comme une rédemption.