Après Constance, c'était devenu invivable, chez moi.
J'ai donc engagé une femme de ménage, mais elle ne
prenait pas au sérieux la poussière. Quand elle m'a
demandé de l'héberger, j'ai hésité, mais je ne détestais
pas l'idée d'avoir une femme à demeure. La cohabitation
a créé des liens, entre nous. Puis Constance est
revenue, j'ai pris peur. J'ai décidé de m'enfuir. J'ai
emmené avec moi ma femme de ménage. C'est elle qui
a voulu.
Autant le dire tout de suite. On aime les livres de Christian
Oster. Leur désespoir, leur folie, leur timidité, leur drôlerie. Cette
syntaxe ferme qui enserre un univers en fuite. On se sent
comme chez nous lorsque l'on est chez lui. Ses personnages
ne sont pas des érudits de la vie. Loin de là. Ils tournoient, allégés
du poids des aveux et des audaces, dans le préau de leur
existence. Seul l'amour les mobilise.
Marie-Laure Delorme, Le Journal du Dimanche
Incontestablement, Christian Oster est l'un des grands
maîtres actuels de l'humour. Un humour qui n'est ni noir ni
d'une autre couleur, mais plutôt du genre impassible et pathétique.
L'émotion qu'il insinue au coeur même de son humour
est d'autant plus poignante qu'on ne l'attend pas, qu'elle monte
sans que l'on y prenne garde, pour nous surprendre en train
de sourire ou de ricaner les facéties mentales du narrateur. Vue
d'un certain point de vue, la loufoquerie est une chose sérieuse,
surtout si l'on y met, comme Oster, un accent de gravité.
Patrick Kéchichian, Le Monde