Au XIXe siècle, les déserts de Fontainebleau devinrent
soudain irrésistibles pour qui voulait cultiver la Solitude
au sein de la Nature : Senancour, Musset, George Sand,
Michelet, les Goncourt, Flaubert s'y succédèrent. Ainsi
Fontainebleau se constitua progressivement en objet littéraire,
exhibant les marques de toutes les tensions qui
travaillèrent la littérature, entre romantisme, réalisme et
modernité. Fontainebleau fit payer aux écrivains la commodité
qu'on leur offrait : évasion trop facile qui ne
saurait que tenir lieu d'un authentique voyage, d'un
véritable exil ; paysage mesquin souffrant d'un déficit
de sublime ; lieu d'escapades vulgaires - et de trahisons
non moins vulgaires, comme celle de Frédéric Moreau
fuyant en juin 1848 la Révolution, «en compagnie
d'une fille publique». Flaubert, ayant senti l'hypocrisie
des évasions bohèmes, claqua sèchement la porte, dans
l'Education sentimentale, sur cette forêt d'illusions, où,
cependant, les frères Goncourt avaient salué la naissance
du paysage moderne en peinture, une véritable Pâque
des yeux.