«Il vous faut un casque audio» : ce slogan publicitaire
du début du XXe siècle n'a rien perdu de son actualité.
S'isoler dans un monde de sons, prêter attention aux détails
acoustiques, rechercher la haute fidélité sonore,
communiquer à distance et construire un réseau social...
ces pratiques s'enracinent dans un ensemble de
transformations intervenues au tournant du XIXe siècle,
alors que gramophone, stéthoscope, téléphone
et autres dispositifs d'écoute deviennent
les protagonistes d'une histoire passionnante,
celle de notre culture sonore.
Jonathan Sterne s'intéresse aussi bien aux anthropologues
collectant des chants indigènes qu'aux auditeurs
occidentaux surpris par les voix des morts. Son ambition
est de rendre compte de l'importance de l'histoire
du son dans tous les aspects de la «modernité» : l'évolution
des sciences, la mutation de la médecine, la popularisation
des techniques et des médias l'essor concomitant
du capitalisme et du colonialisme, les nouvelles formes
de pouvoir collectif et entrepreneurial. Une histoire
de la modernité sonore propose une alternative
au récit dominant selon lequel la culture occidentale,
en devenant moderne, serait passée d'une culture
de l'audition à une culture de la vision. Livre
fondateur des sound studies, il est d'ores et déjà
considéré comme une référence dans
ce domaine émergent.