Une joie tremblante, « peut-être de celle qui habite les femmes myrrhophores tandis que le jour se lève sur le mystère du tombeau vide » précise l'auteur au début de l'ouvrage. Joie fragile, souvent obscure, car la présence de Dieu, ce grand « taiseur », se traduit rarement par une évidence, même si nous le « savons » partout et toujours à nos côtés... Dieu, présent jusque « dans la chair du poème », ne fait pas de ses enfants des êtres bardés de certitudes, livrés au confort d'une joie factice ou triomphante.
Les mots de l'auteur effleurent les êtres, les choses et le silence qui les entoure, à l'écoute du coeur, d'une aventure placée sous le signe du quotidien, d'un invisible niché dans les « interstices » du visible. Au fil des jours, la grâce se fait perceptible : « Trouver la part du ciel/dans l'éclosion promise/du mimosa. » Si l'auteur nous montre sa familiarité avec une « poésie du murmure », il n'hésite pas non plus à déployer, à l'image d'un psautier, toute la gamme des sentiments du coeur humain, du cri à l'émerveillement. Même au coeur des doutes et des tempêtes, nous rencontrons en filigrane de ces textes l'expérience d'un dialogue toujours ouvert avec Celui dont l'amour, pourtant discret, dépasse toute limite et vient habiller « notre nudité à la fois blessée et trône de sa gloire ».