Mengdie : c'était le prénom qu'il s'était choisi, inspiré directement du grand penseur taoïste Zhuangzi. Mengdie : le rêve et le papillon, quand, entre réveil et demi-sommeil, Zhuangzi se demandait s'il était bien Zhuangzi rêvant d'être papillon ou s'il n'était pas plutôt papillon rêvant d'être Zhuangzi.
Ce qu'il y a dans ce choix de la part de Zhou Mengdie, comme nom de plume puis comme propre nom d'état-civil, c'était sans doute, outre la volonté de s'ancrer dans la plus profonde et plus ancienne pensée chinoise, le formidable désir de liberté que cette pensée cristallise, de se laisser errer dans les plus lointaines contrées du rêve, mais aussi de parcourir les plus insolites dimensions de l'esprit, où se relativisent les points de vue et s'échangent les identités. Malgré, ou précisément en raison de, tous les augures et toutes les adversités.
C'est, en tout cas pour sa part la plus spécifique et la plus originale (il est aussi toute une part lyrique plus ou moins contrariée), l'image d'un homme en chemin que nous propose la poésie de Zhou Mengdie, engagé dans un voyage essentiellement anagogique. Car si tout semble se passer surtout sur les chemins, ou dans le dehors des déserts ou des friches, il s'agit d'un regard tourné vers l'intérieur, en un cheminement vers la Libération, ou l'Éveil, c'est-à-dire avec le désir de contempler son visage « tel qu'il était avant sa naissance ».