De l'indépendance algérienne à l'accession au pouvoir de François Mitterrand,
cet ouvrage revient sur une séquence historique fondamentale pour comprendre
l'actualité des débats publics autour de l'immigration. Pour ce faire, il
propose au lecteur d'adopter le temps d'un livre le point de vue de ces hauts
fonctionnaires qui n'ont pas eu nécessairement à «croiser» des travailleurs
étrangers pour prescrire un cadre législatif, refuser le financement de logements
sociaux, signer des accords de circulation avec des pays d'émigration,
ou même couper au montage une émission télévisée sur le racisme pouvant
potentiellement «choquer», selon eux, un public français...
Cette enquête s'attache à décrire la contribution de ces «grands commis»
mais aussi de ces fonctionnaires plus anonymes à des décisions qui ont
marqué tout à la fois l'histoire des politiques d'immigration et l'histoire du
militantisme de solidarité en faveur des travailleurs étrangers : circulaires
Marcellin-Fontanet de 1972, suspension de l'immigration de 1974, regroupement
familial de 1975, lois du retour (Bonnet-Stoléru) de 1977-1979...
S'inscrivant dans une perspective socio-historique, cet ouvrage entend ainsi
porter au jour comment ce qui se joue dans le champ du pouvoir peut avoir
des effets sur ceux qui, à l'autre extrémité de l'échiquier social, se voient assignés
à l'arbitraire du droit des étrangers et à des discours potentiellement
stigmatisants.