Réflexion collective sur les usages et stratégies polémiques, cet ouvrage souhaite contribuer au développement d'une réflexion historique sur les discours de combat. Envisageant la polémique comme un dispositif discursif socialisé, inscrit dans le temps et mobilisé dans l'action, les études de ce recueil abordent des sources polémiques variées et intègrent les enseignements de l'analyse du discours comme de l'histoire sociale et culturelle. Leurs auteurs, historiens et littéraires, s'intéressent à l'affirmation de la polémique, à une période où, entre Moyen Âge et Renaissance, le développement de l'imprimé et la diversification des régimes de publicisation ouvrent de nouvelles perspectives polémiques. La guerre de mots se révèle alors comme consubstantielle des remous suscités par la progression des innovations humanistes dans les milieux lettrés. De la guerre entre Armagnacs et Bourguignons à la Fronde, l'affirmation des princes suscite autant de prises de plume que de prise d'armes, tandis que les bouleversements religieux multiplient les occasions d'affrontements par les mots. Inscrit dans une démarche historique et conçu comme un dialogue entre médiévistes et modernistes, cet ouvrage cherche à peser le poids respectif des héritages et des transformations des conditions de l'action polémique et analyse, sur le temps long, les formes, les types d'acteurs et les modalités de l'affrontement verbal, aussi bien que les réflexions tactiques sur l'efficacité de la parole polémique.